Depuis 2022, monsieur Guer-Le Guen, professeur des écoles à l’école Costa Belle dans l’Hérault, propose un projet La Forêt s’invite à l’École à ses élèves durant chaque année scolaire.

Au fil des projets, il a pu voir ses élèves grandir, s’engager dans des actions concrètes pour préserver la forêt, et a constaté qu’ils étaient de plus en plus soucieux de leur environnement dans leur quotidien. Ce projet permet aussi de renforcer les liens au sein de la communauté scolaire, en impliquant les élèves, leurs familles et les enseignants dans des activités collectives et enrichissantes.

Monsieur Guers-Le Guen : Nous avons choisi de monter un projet sur les forêts car celles-ci constituent un enjeu environnemental, économique et social majeur. Elles jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat, la préservation de la biodiversité et offrent une source d’inspiration culturelle et artistique. Travailler sur la forêt permet ainsi de sensibiliser les élèves à la richesse de leur environnement local tout en développant leur conscience écologique.

L’école Costa-Belle est idéalement située à proximité d’une forêt communale, ce qui nous a donné envie d’en faire un véritable terrain d’exploration et d’apprentissage. Le projet repose sur une pédagogie active et immersive qui alterne entre activités scientifiques, artistiques, sorties nature et temps de réflexion. Cette approche favorise la curiosité, l’esprit critique et l’engagement des élèves autour des trois grandes fonctions de la forêt : environnementale, économique et sociale.

Par ailleurs, le dispositif La Forêt s’invite à l’École nous a semblé parfaitement adapté à notre projet éducatif. Il offre un cadre structurant, des ressources pédagogiques de qualité et la possibilité de bénéficier d’interventions de professionnels de la filière forêt-bois, ce qui enrichit considérablement l’expérience des élèves.

Enfin, ce projet s’inscrit pleinement dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) et vise à former des citoyens responsables, informés et sensibles à leur environnement.

Le lien entre les ODD et le thème de la forêt s’est fait de manière naturelle, tant les forêts sont au cœur des grands enjeux du développement durable.

En concevant notre projet pédagogique, nous avons veillé à intégrer plusieurs ODD de façon concrète :

• ODD 3 – Bonne santé et bien-être : les activités comme les bains de forêt ou la sylvothérapie ont mis en évidence les bienfaits psychologiques et physiques que procure la nature, notamment pour le bien-être des enfants.
• ODD 4 – Éducation de qualité : le projet offre une éducation scientifique, artistique et citoyenne, active et inclusive. Il valorise l’apprentissage par l’expérience, l’interdisciplinarité, l’esprit critique, et développe la capacité à agir de manière responsable.
• ODD 12 – Consommation et production responsables : en explorant la filière forêt-bois, les élèves ont été sensibilisés à l’utilisation durable des ressources naturelles, à l’impact des choix de consommation et aux innovations pour une économie plus respectueuse de l’environnement.
• ODD 13 – Lutte contre les changements climatiques : la forêt joue un rôle fondamental dans la régulation du climat grâce à sa capacité à absorber le CO₂. Nos élèves ont découvert le rôle des arbres comme puits de carbone, et les conséquences de la déforestation sur le réchauffement climatique.
• ODD 15 – Vie terrestre : nous avons sensibilisé les élèves à la biodiversité forestière, à travers des activités d’observation de la faune, de la flore et des écosystèmes. Ils ont compris l’importance de préserver les forêts en tant que milieux de vie riches et fragiles.

Nous avons ainsi articulé le thème de la forêt avec les ODD pour montrer aux élèves que les enjeux locaux (comme préserver une forêt communale) sont liés à des enjeux planétaires. Cela leur donne du sens et les rend acteurs du monde de demain.

Oui, plusieurs activités pédagogiques ont permis de relier notre projet sur la forêt aux ODD. Voici quelques exemples :

1. Activité : Observer et comprendre les écosystèmes forestiers

Lien avec l’ODD 15 – Vie terrestre

Les élèves ont réalisé des sorties en forêt pour observer la faune et la flore locales. Ils ont appris à reconnaître les essences d’arbres, les signes de biodiversité, les interactions entre les êtres vivants (mycorhizes, insectes saproxylophages, etc.), et à comprendre le rôle fondamental des forêts dans le maintien des écosystèmes.

2. Activité : Plantation d’arbres

Lien avec l’ODD 13 – Lutte contre les changements climatiques

Nous avons organisé une plantation pédagogique avec les élèves, leurs parents et les agents de la commune. Cette action leur a permis de comprendre le rôle des arbres dans la captation du CO₂ et de participer concrètement à la reforestation locale.

3. Activité : Expériences sur la pollution des sols

Lien avec l’ODD 12 – Consommation et production responsables

Lors d’une séance, les élèves ont comparé la croissance de plantes dans un sol sain et un sol pollué. Ils ont visualisé les effets des polluants sur la nature et ont débattu des gestes quotidiens pour réduire leur impact (tri, produits naturels, gestion des déchets…).

4. Activité artistique : Land Art & photographie en forêt

Lien avec l’ODD 3 – Bonne santé et bien-être

Ces ateliers ont permis aux enfants de s’exprimer librement en utilisant les éléments naturels. Par le contact direct avec la nature, ils ont découvert les bienfaits de la forêt sur leur bien-être, leur calme et leur concentration.

5. Activité : Création de slogans et d’une charte de la forêt

Lien avec l’ODD 4 – Éducation de qualité

Les élèves ont réfléchi à des messages de sensibilisation et ont écrit ensemble une charte de bonnes pratiques à respecter en forêt. Cela a favorisé leur engagement citoyen, leur esprit critique et leur capacité à coopérer pour construire un message collectif.

Initialement, nous espérions que ce projet ait un impact multiple et durable sur nos élèves, à plusieurs niveaux :

• Sur le plan des connaissances, nous voulions qu’ils acquièrent des bases solides en sciences naturelles : comprendre la croissance d’un arbre, différencier sève brute et sève élaborée, connaître la biodiversité forestière ou encore les étapes de la succession écologique.
• Sur le plan des compétences, le projet devait favoriser l’autonomie, la coopération, l’expression orale, l’observation rigoureuse, la mise en œuvre de la méthode scientifique et la créativité (via le land art, la photographie, l’herbier…).
• Sur le plan des attitudes, nous cherchions à éveiller chez eux une conscience écologique, un sentiment d’émerveillement face au vivant, et surtout un respect actif de la nature et de la forêt comme patrimoine collectif.

Enfin, nous voulions qu’ils deviennent acteurs du changement, capables de s’exprimer sur des enjeux comme la déforestation, le climat ou la pollution, avec des mots simples mais éclairés.

En faisant le bilan aujourd’hui, nous constatons que le projet a largement dépassé nos attentes :

• Les élèves ont su s’approprier les savoirs scientifiques parfois complexes grâce à une pédagogie active, des expériences concrètes et un lien fort avec leur environnement immédiat (la forêt communale).
• Ils sont devenus plus curieux, plus engagés, plus sensibles aux enjeux environnementaux. Certains ont par exemple exprimé à leurs familles le souhait de planter des arbres ou de ramasser les déchets en forêt. D’autres ont pris plaisir à reconnaître des essences d’arbres en dehors de l’école.
• Le travail en petits groupes, les sorties, les jeux pédagogiques et les moments de création ont renforcé la cohésion du groupe et valorisé les profils variés : scientifiques, artistes, rêveurs, explorateurs…
• Enfin, la restitution finale (présentations, œuvres, slogans, herbier, charte…) a été un moment fort, où chaque enfant a pu montrer sa compréhension, sa fierté et son engagement.

En conclusion, ce projet a transformé la forêt en espace d’apprentissage vivant, porteur de sens, de savoirs et d’émotions. Il a semé des graines que nous espérons durables dans le cœur et la tête des élèves.

Oui, nos élèves ont réellement progressé dans leur compréhension des ODD, grâce à une approche concrète, vivante et adaptée à leur âge.

L’appropriation du cadre ODD s’est faite de manière progressive et naturelle.

Les ODD ont été introduits de manière implicite au départ, à travers les problématiques environnementales abordées :

• Pourquoi les arbres sont-ils importants pour le climat ?
• Que se passe-t-il quand on coupe une forêt ?
• Que pouvons-nous faire pour protéger la nature autour de nous ?

Puis, à mesure que les activités avançaient, nous avons nommé les ODD, expliqué qu’ils sont des objectifs fixés par les pays du monde pour protéger la planète et améliorer la vie de tous. Les élèves ont été capables de faire le lien entre leurs actions et ces grands objectifs globaux.

Par exemple :

• En plantant des arbres, ils ont compris leur rôle dans la lutte contre le réchauffement (ODD 13).
• Lors des expériences sur la pollution des sols, ils ont réfléchi à nos modes de consommation (ODD 12).
• En travaillant sur la biodiversité et les zones de forêt, ils ont assimilé la nécessité de préserver les écosystèmes (ODD 15).
• Lors de la rédaction de la charte environnementale et des slogans, ils ont exercé leur citoyenneté active et pris conscience de leur pouvoir d’action (ODD 4 et ODD 3).

Enfin, lors de la présentation finale, plusieurs élèves ont spontanément cité des gestes du quotidien à adopter « pour aider la planète », certains ont même nommé les ODD concernés : « C’est comme l’ODD 15, pour que les animaux continuent à vivre dans la forêt », ou « l’ODD 13, parce qu’il ne faut pas couper tous les arbres sinon la Terre chauffe ».

Le projet a donc permis une acculturation réelle aux ODD, en les incarnant dans des situations vécues et des apprentissages concrets. Les élèves ne les ont pas seulement « entendus », ils les ont expérimentés.

Le moment le plus fort du projet a sans aucun doute été la sortie en forêt, au cœur du projet La Forêt s’invite à l’École.

C’était la première fois que beaucoup d’entre eux observaient la forêt avec un regard scientifique et poétique à la fois. Ils ont compté les cernes d’un tronc pour estimer l’âge d’un arbre, identifié des essences grâce aux feuilles ramassées, écouté les sons de la forêt, exploré les différentes zones comme la canopée ou le sous-bois, et réalisé une mini chasse aux trésors naturaliste.

Certains se sont exclamés : « On dirait une vraie aventure ! », d’autres ont reconnu des arbres vus dans les fiches lues en classe, ce qui a créé un pont fort entre les apprentissages théoriques et le réel. Cette immersion a provoqué un émerveillement collectif, un rapport direct à la nature, mais aussi une prise de conscience : « Si on jette nos déchets ici, les animaux vont les manger », « Cet arbre est brûlé, il a survécu à un incendie ».

Ce moment a aussi été un tournant émotionnel. Il a renforcé la cohésion du groupe, donné du sens à leurs efforts en classe, et déclenché une fierté d’apprendre autrement. Ce n’était plus « juste un projet », c’était leur forêt, leur terrain d’exploration, leur rôle à jouer dans sa préservation.

Je lui dirais : fonce ! C’est un projet riche, vivant et profondément transformateur, à la fois pour les élèves et pour l’enseignant.

Une opportunité unique d’apprendre autrement. Ce projet permet de sortir du cadre classique de la classe pour explorer la forêt comme un terrain pédagogique à part entière. On y fait des sciences, de l’art, de la lecture, de l’éducation civique… tout en donnant du sens aux apprentissages. Et c’est une excellente porte d’entrée pour aborder les ODD de façon concrète et accessible.

Le dispositif La Forêt s’invite à l’École est bien pensé : il propose un accompagnement, des ressources pédagogiques de qualité, et la possibilité de bénéficier d’interventions extérieures (grâce à l’animation de forestier offerte). On garde toute liberté pour adapter le projet à son niveau de classe, à son environnement local et à ses envies pédagogiques.

Les élèves ne vivent pas simplement une séquence : ils vivent une expérience complète. Ils développent une conscience écologique, des connaissances scientifiques solides, et un lien affectif avec leur environnement. On voit naître de vrais petits ambassadeurs de la forêt, qui s’engagent avec enthousiasme.

Et pour l’enseignant ? C’est un vrai plaisir d’enseigner autrement, de renouer avec la nature et de voir ses élèves s’émerveiller. Ce projet redonne du souffle et de la cohérence à notre métier.

Si j’étais un arbre, je serais un chêne vert.

Parce qu’il incarne la force tranquille : ancré solidement dans le sol méditerranéen, il résiste aux vents, aux sécheresses, aux incendies… Il pousse lentement, mais sûrement. Comme lui, j’essaie de construire avec patience et solidité, en m’adaptant aux aléas tout en restant profondément enraciné dans mes valeurs.

Parce qu’il est discret mais essentiel : il n’a pas la flamboyance d’un érable à l’automne, mais il est là, fidèle, toute l’année. Il abrite, protège, nourrit toute une vie sous ses branches. C’est un arbre généreux et modeste, un peu à l’image de ce que j’essaie d’être dans ma classe : un repère stable, un soutien discret, un terreau pour faire pousser des graines de curiosité et d’engagement.

Et parce qu’il est profondément méditerranéen : le chêne vert, c’est aussi le lien avec un territoire, un climat, une culture. Il symbolise la résilience, la mémoire et l’appartenance, trois qualités que j’espère transmettre à mes élèves à travers ce projet.

Nous remercions Monsieur Guer-Le Guen pour sa participation active à La Forêt s’invite à l’École et son engagement en faveur des forêts et des ODD !